Je n’ai aucun courage, je doute de mes talents… Pouvez-vous m’aider ?

JE N’AI AUCUN COURAGE, JE DOUTE DE MOI…
L’Hypnose peut-elle m’aider ?

Un article de Patricia d’Angeli-Lockert
IFHE, octobre 2008

Patricia-dAngeliDemande : Je passe d’une situation salariée à une situation indépendante et j’ai terriblement peur de me lancer, de donner ma démission. Je n’ai aucun courage et je doute de mes talents, même si je sais que j’en ai. L’hypnose peut-elle m’aider ?

PAL : Pour comprendre ce qui se passe en vous, je vais vous parler des 3 parties du cerveau qui, bien que très différentes, doivent vivre les unes avec les autres, ce qui provoque des bouleversements dans la vie.

Tout au centre, nous avons le cerveau reptilien, le plus ancien (500 millions d’années) : c’est le premier niveau de notre Inconscient. C’est le siège de nos instincts primaires. Sa fonction unique est de garantir notre survie (fonctions vitales). Il influence ainsi notre désir de nourriture, de défense, d’attaque, ainsi que notre sexualité. Il ne comprend ni nos émotions, ni notre jugement intellectuel. En cas de situations stressantes (qu’il considèrera comme des menaces pour sa vie, même pour de petites choses sans importance), il réagit avec rigidité, impulsivité et agressivité ou violence : il « attaque » ou « s’enfuit ». Il est puissant, influence l’ensemble de notre système et possède la capacité d’apprendre par conditionnement. Il n’a aucune notion de temps (passé, présent, futur), pour lui tout est présent. Toutes nos expériences, même celles que nous avons vécues lorsque nous étions enfants, sont stockées en lui et considérées comme actuelles, présentes, ce qui cause la plupart des conflits intérieurs chez l’adulte.

Le deuxième cerveau est le cerveau limbique (150 millions d’années). Il fait partie de notre inconscient comme le reptilien ; il mémorise les comportements agréables et désagréables pour nous, à l’origine de nos émotions et de nos jugements de valeurs. Le cerveau limbique filtre ce que nous pensons possible ou impossible de faire dans la vie ; il est flexible, confiant mais naïf. Il apprend parfois difficilement, à cause de ses « idées sur la vie » (croyances) et préfère les données simples, métaphoriques. Le cerveau limbique est créatif, c’est-à-dire qu’il peut générer de la nouveauté en synthétisant de l’ancien (souvenirs). Selon les moments et les expériences de la vie, il peut s’allier avec le cerveau reptilien ou avec le troisième cerveau…

Le néo-cortex est notre cerveau le plus récent (apparu il y a 2 millions d’années, mature depuis seulement 500.000 ans) : c’est celui qui prend le plus de place en nous et que nous considérons comme notre « moi », car il s’agit de notre seule partie consciente. Là se situe notre intellect. Le néo-cortex est à l’origine de notre langage, il sait écrire, peut analyser, faire des comparaisons, avoir des pensées abstraites ; il crée aussi l’impression de distance et la sensation de « temps » : le passé, présent futur. Le néo-cortex apprend et évolue sans cesse.

Votre problème est celui du changement, très mal accepté par le cerveau reptilien : en effet, chaque changement implique un traumatisme pour ce cerveau primitif. Celui-ci passe son temps à essayer que tout ce que nous vivons se reproduise à l’identique le lendemain. Pour le cerveau reptilien, c’est une grande sécurité, car son seul intérêt est de nous maintenir en vie : si ce que nous faisons aujourd’hui est sans risque pour la vie, il est bon de le reproduire pour demain ! Le changement implique un risque, même minime ou symbolique : celui de mourir (ne serait-ce qu’à ce que nous étions hier).
Lorsque les buts du cerveau reptilien et ceux du cerveau limbique sont les mêmes, tout va pour le mieux. C’est pour cette raison qu’il est si agréable de vivre tous les jours au même endroit, de s’installer sur la même chaise, de dormir tous les soirs du même côté du lit, de pouvoir compter tous les jours sur un partenaire ou un travail rassurant et fidèle… C’est sécurisant !

Là, vous avez décidé de changer, poussée par votre cerveau limbique à la recherche de nouvelles émotions, alors que votre vie n’était pas en danger, vous l’avez fait avec votre « néo cortex ».
Vous avez allié néo-cortex et cerveau limbique, vous retrouvant en conflit avec votre cerveau reptilien. Ce dernier se rebelle et va utiliser ses armes : insuffler la peur à votre cerveau limbique afin que celui-ci reprenne sa place auprès de lui – un peu comme un enfant doit plier quand son parent se fâche. Le reptilien va prendre symboliquement l’aspect d’un « parent négatif » et va utiliser un dialogue intérieur répétitif, que nous connaissons tous, pour contrer et faire peur à notre cerveau limbique, influençable aux émotions : « tu n’en es pas capable », « tu ne réussis jamais rien », » tu vas tout casser »… Ces phrases viennent tout droit de notre passé. Elles ont été stockées par le cerveau reptilien qui, prenant la place de nos parents lorsque nous étions enfants, s’en sert aujourd’hui pour défendre son point de vue. Ce qui provoque notre malaise.

Pour intervenir dans ce conflit, afin de réharmoniser la situation et, par voie de conséquence, apporter un réel mieux être à votre vie, il faut que votre conscient (néo-cortex) entre en communication avec votre inconscient (reptilien et limbique). Pour cela, l’Hypnose est la technique la plus indiquée. Par contre, il s’agit d’utiliser l’Hypnose « humaniste » (qui associe les parties) et non l’Hypnose traditionnelle ou éricksonienne (qui dissocient les parties) – voir définitions des différents types d’hypnoses ici.

Après une induction hypnotique de type humaniste, le thérapeute va utiliser le langage symbolique (métaphores) afin de mettre en place le décor propice à la réharmonisation.
L’inconscient (le reptilien et le limbique) n’a en effet aucune notion « intellectuelle », son langage est celui d’un enfant (4 à 6 ans), son monde est celui des analogies, des symboles (que nous retrouvons dans nos rêves, dans les mythes et les contes – transmise par notre mémoire cellulaire et notre culture).
Pour pouvoir communiquer avec l’Inconscient et en obtenir un résultat, ce serait une erreur de s’adresser à lui avec un langage compliqué, avec des mots comme « reptilien » ou « limbique », parfaitement incompréhensibles pour un « enfant ».

Dans le décor que vous lui suggèrerez (une plage, une forêt ou autre…), le thérapeute vous demandera d’appeler la représentation des facettes de vous en conflit : soit, d’un côté, la représentation d’un adulte critique campé dans le non-changement (votre reptilien) et, de l’autre, un enfant créatif et sensible, apeuré par la situation (votre limbique). Vous-même représenterez le médiateur (néo-cortex) : vous serez donc un « sage » pour le reptilien et un « parent rassurant positif » pour l’enfant.
Le thérapeute, de son côté, représentera le gardien : il n’interviendra que pour débloquer les choses, si celles-ci dérapent. Si tout va bien, il vous demandera juste de raconter votre histoire (que vous vivrez en état modifié de conscience, et en même temps consciemment, ce qui est très étrange) après avoir vérifié que toutes les parties sont bien en place et vous avoir expliqué votre rôle… que voici :

Vous allez commencer par vous adresser au « parent critique » et discuter avec lui pour le rassurer. Vous êtes quelqu’un qui comprend la situation et qui comprend donc sa peur, liée au risque de mourir. Vous lui expliquerez aussi ce que souhaite l’enfant, et qu’il y a peut-être moyen de trouver un arrangement pour laisser la créativité de l’enfant s’exprimer en toute sécurité. Entre « adultes », vous pouvez en discuter. Prenez un ton sérieux, car La survie est une chose sérieuse, et le reptilien n’a aucun humour. Le monde pour lui est dangereux et hostile. Il ne s’agit pas de critiquer le critique, mais de le comprendre et de le rassurer. Dès qu’il accepte un arrangement, tournez vous vers « l’enfant » et expliquez-lui la situation comme un parent bienveillant et aimant avec des mots doux, simples et plein d’amour… Le cerveau limbique adore cette façon de parler.
Dites-lui qu’il peut être libre, danser et chanter comme bon lui semble, et que le critique avait peur pour lui, c’est pour cela qu’il paraissait méchant. L’enfant peut aider le critique, pour que celui-ci n’ait plus peur, car il est gentil. Il peut freiner certains excès et bien se tenir dans les situations de risque réel, car il comprend ce « qu’être en danger » représente, il va donc accepter ce compromis.

Mettez-les ensuite face à face, et laissez-les parler, échanger et constatez qu’ils s’apprécient beaucoup !

Il est maintenant temps de les « réintégrer à vous », car vous n’êtes qu’un et, dans la vie de tous les jours, ils redeviennent inconscients pour vous…
Vous les prenez symboliquement dans vos bras et ils se fondent en vous pour reprendre leur place. Vous pouvez réouvrir vos yeux.

A noter : l’inconscient apprend avec une certaine lenteur, il est routinier et possède une grande inertie, surtout pour les personnes n’ayant pas l’habitude de l’Hypnose. J’ai ainsi remarqué dans ma pratique que je suis souvent amenée à répéter le processus ci-dessus plusieurs fois (à une semaine d’intervalle) pour un changement complet et durable. A chaque répétition, les métaphores d’environnement (les décors) peuvent changer, mais le travail symbolique est toujours axé sur le rapport « parent critique – enfant sensible ».

Résultat dans votre vie : ce « dialogue intérieur négatif » issu du passé et de votre cerveau reptilien va cesser, car ce dernier aura confiance en vous… Vous n’aurez plus l’impression que vous n’avez pas de talent, que vous n’allez pas y arriver… et le changement de métier (lié à la créativité de l’enfant) pourra se vivre en toute sérénité, tout en gardant bien en conscience les règles élémentaires de sécurité.

Je vous souhaite plein de bons changements.
En toute sérénité !

Patricia d’Angeli-Lockert
Hypnothérapeute TSA et co-fondatrice de l’IFHE