Ma fille est anorexique… Pouvez-vous m’aider ?

MA FILLE EST ANOREXIQUE
L’Hypnose peut-elle l’aider ?

Un article de Patricia d’Angeli-Lockert
IFHE, mai 2008

Demande : Ma petite fille de 8 ans, Kateline, fait de l’anorexie, elle a perdu beaucoup de poids et je m’inquiète. Son père est parti et n’est plus là pour l’aider. De mon côté, j’ai refait ma vie avec un autre homme et je suis enceinte d’une autre petite fille.
L’anorexie a commencé quand elle a appris cette grossesse et s’est aggravée depuis que nous avons dû lui enlever son chien qui était devenu méchant et dangereux pour elle. Comment puis-je l’aider ?

Patricia-dAngeliPAL : A l’âge de 8 ans, une petite fille est en pleine modélisation de sa maman. C’est l’âge où l’autonomisation commence doucement à se mettre en place. Cette évolution est d’autant plus difficile à vivre car une autre petite fille « concurrente » arrive à la maison et le père, censé la rassurer sur son identité et sa valeur féminine, est absent.

Kateline a donc besoin d’intégrer des valeurs liées à son sexe – des valeurs féminines – pour que cette période de transition se passe au mieux.
Si elle a déjà vécu le sentiment d’abandon par rapport à son père, ses valeurs féminines étaient déjà perturbées avant votre grossesse. Son inconscient a traduit l’absence de son père comme un abandon. Il en a conclut : « le masculin ne m’aime pas, donc toute une partie de ce que « Je Suis », ma partie féminine, n’est pas aimée ».
Croyance renforcée par la jalousie liée au fait que sa petite soeur « concurrente », elle, sera aimée par son père car, lui, n’est pas parti !… « Moi seule n’ai pas le droit à l’amour, les autres oui ».

Et en ce moment, au niveau inconscient, ce problème d’identité chez Kateline se traduit par l’anorexie : « à quoi bon vivre ? »
Plus tard, cette croyance enkystée risque de l’amener à être persuadée qu’à la différence des autres femmes, elle « ne mérite pas l’attention des hommes ».

Que peut-on y faire ?

En Hypnose : par rapport à l’absence ou la démission du père, le thérapeute devra travailler sur le sentiment et la peur d’abandon et faire comprendre à l’Inconscient que, quoi qu’il arrive, il y aura toujours quelqu’un pour s’occuper d’elle. Les métaphores, pour une enfant comme pour un adulte, sont une technique privilégiée pour atteindre ce but sans avoir à donner de grandes explications, sujettes à incompréhension.

Pour reconstruire son « féminin intérieur », il faudra faire comprendre à l’Inconscient de Kateline qu’être une fille, c’est bien, et que les filles comme elles sont aimée elles aussi.
Et dans la vraie vie, en dehors de la thérapie, si le père est absent, son beau-père pourra aider à ce recadrage, en sortant avec elle, en participant à des activités qui ouvriront la jeune fille sur le monde. L’aimer vraiment et lui dire qu’elle est mignonne, lui faire des compliments, renforcera encore ce processus de création d’une vraie identité féminine – surtout si sa psychosomatisation est l’anorexie.

Il faudra faire attention quand le bébé sera là : les deux filles doivent être aimées à part égales (si ce n’est pas le cas, car malheureusement quelquefois cela arrive, c’est tout de même ce qui doit être montré dans les actes).

La mère est évidemment aussi indispensable dans la construction de l’identité de la jeune fille : elle doit la rattacher (par la modélisation) aux valeurs de la terre et au féminin, ce qui la rendra plus forte sans l’étouffer.

La période de votre grossesse est adaptée pour faire comprendre à Kateline les valeurs féminines « d’évolution » et de « création ». En la faisant participer à ce que vous ressentez, elle vous modélisera, ce qui permettra à son Inconscient d’enregistrer et forger la croyance qu’elle aussi pourra évoluer et créer, dans son corps de femme – et, par extension, elle adoptera les mêmes croyances inconscientes lorsqu’elle sera adulte, au sujet de sa vie personnelle et professionnelle. Sa Mère va « donner naissance ». En plus d’être un acte d’amour, c’est un acte de vie. Elle va peut-être avoir mal, peut-être être un peu malade, mais elle va également vivre très fort !… L’Evolution, parfois, ça fait mal, c’est long, mais après on se rend compte qu’on a réussi à « fabriquer » quelque chose, que l’on est créateur de sa vie : cela rend heureux !

Concrètement, votre petite fille peut participer activement, être « actrice » de cette grossesse, elle peut la vivre elle aussi, par procuration.
Après la naissance, Kateline pourra s’occuper un peu du bébé, ou d’une poupée, de son chien ou de son lapin : pour faire comme maman… Sa petite sœur ne pourra plus être « concurrente », dans ce cas, car Kateline se sentira du côté des femmes, des « grandes ».

Ce serait donc peut-être une bonne idée de lui racheter un chien ou un lapin (ou les deux) car il est possible qu’elle ait pris la perte de son chien pour une interdiction de modélisation à la mère : « je n’ai pas le droit de ressembler à maman, d’avoir quelqu’un de qui prendre soin, quelqu’un à faire grandir – et qui va me faire grandir : je n’ai pas le droit de devenir femme à mon tour et de m’occuper des autres, de mes bébés à moi. Je dois continuer de subir maman, de subir cette fusion devenue étouffante et ne rien faire, ne rien pouvoir créer ».

Il serait judicieux que le thérapeute termine son accompagnement avec une métaphore destinée à la reconstruction du Féminin, mais au niveau plus collectif-social cette fois (mémoire des cellules). La guidance hypnotique pourrait reprendre les archétypes et les idées suivantes (à adapter à une enfant de 8 ans, bien sûr) :

La Terre, la Mère (archétype féminin) qui peut être cruelle (éléments naturels déchaînés) mais n’abandonne jamais, même dans la mort, car elle accueille et transforme…

La Terre-Mère, vivante et en pleine santé, parce qu’elle s’aime, parce qu’elle est aimée (par le soleil, le masculin).

La Terre-Mère, en mauvaise santé, si elle ne s’aime plus : la terre attire alors la pluie guérisseuse (les larmes). Les éléments (crises) se déchaînent (tremblements de terre, tsunami), etc.

La Terre-Mère féconde, qui crée et trouve en elle son équilibre, en particulier avec le masculin, etc.

Cette métaphore quasi-culturelle serait indiquée en cas de victimisation : lorsque les femmes se rendent malades toutes seules à la suite de croyances négatives et subjectives, qui leur font penser qu’elles ne sont capables de rien, juste de subir et de servir le masculin. C’est une « maladie » très contagieuse, encore trop répandue, et cultivée culturellement chez beaucoup de femmes, même en France, suite à l’étendue encore trop présente du patriarcat.

Bien sûr, tout cela sera à utiliser ou non, et à adapter au cas par cas.

Kateline devrait ensuite reprendre la place qui est sienne au sein de votre famille et au sein de la Vie.

Patricia d’Angeli-Lockert
Hypnothérapeute TSA et co-fondatrice de l’IFHE