L’Hypnose Humaniste et l’Hyperempiria

Y a-t-il un rapport entre ces deux approches ?

« Hyperempiria » est le nom donné dans les années 70 par Don E. Gibbons, un psychologue américain, à sa façon d’accompagner en hypnose. Il amène les gens en « expansion de conscience », dans le sens où on l’entendait autrefois (et encore parfois aujourd’hui) : des sortes de « voyages hors du corps », « dans le cosmos » ou « dans les étoiles », à connotations spirituelles. Les gens y rencontrent des « anges », de « l’énergie », etc. d’après ce qu’explique Gibbons lui-même, sur son site.

L’approche n’est pas très connue en France, mais on en reparle sur Internet depuis quelques années… En France, Patrick Drouot faisait ce genre de choses dans les années 1980.

Donc, avec « Hyperempiria » comme dans le livre de Nouvelle Hypnose de Melissa Tiers (« Integrative Hypnosis ») lorsqu’elle parle de « expanded awarness », il s’agit toujours d’états « dissociés », puisque comme les auteurs l’expliquent eux-mêmes, dans ces pratiques : les gens « quittent leur corps », qu’ils voient « de haut », etc. Gibbons le dit lui-même sur son site : « Hyperempiria consiste à faire l’expérience des états supérieurs de la conscience tandis que son corps est resté endormi« …

Absolument rien à voir avec l’état de conscience augmentée de l’Hypnose Humaniste. Ici, l’expérience est explicitement « dissociée » – avec les inconvénients que l’on connait à cela : pas de transfert des apprentissages dans le quotidien, la personne peut certes vivre de belles choses mais qui resteront souvent sans suite (car vécues sans connexion au corps et au monde concret)… Sans compter le risque de décompensation chez les personnes fragiles (fuite du réel), etc. pour ne citer que les plus gros inconvénients.

Et comme toujours dans ces pratiques dissociantes : il faut accepter de lâcher prise, se laisser faire, éventuellement ne plus se souvenir de ce qu’on a vécu, faire confiance à un thérapeute que l’on ne connait pas forcément, etc. Ce n’est pas le type d’expérience que l’on peut pratiquer avec tout le monde : souvent, les personnes à la recherche de ce genre d’expérience souffre déjà de dissociation, qu’il ne faudrait pas empirer…

Et, bien sûr, pas question de pratiquer une chose pareille en coaching ou dans le milieu de l’entreprise… contrairement à l’Hypnose Humaniste, très répandue dans ce domaine, en France et à l’international.

De plus, l’Hyperempiria ne propose aucune vision particulière de la vie, pas de système philosophique comme en Hypnose Humaniste – ce qui est pourtant primordial dans notre pratique ! Par exemple, Gibbons ne parle jamais de la Conscience en tant que champ informationnel. Alors que l’Hypnose Humaniste ne fonctionne qu’avec cette Conscience majuscule, appuyée sur les bases éprouvée de la physique.
Comme vous le découvrirez dans les livres sur l’Hypnose Humaniste et en formation, notre approche tient pour beaucoup des sciences dites « dures » (maths, physique, etc.), autant que de la psychologie habituelle – bien qu’elle soit ensuite appliquée pour l’aide à la personne.

En Hyperempiria, il n’y a pas non plus de psychothérapie profonde, avec les archétypes, comme on le fait en TSA, en Hypnose Humaniste : pas d’explications sur les symboles, les blessures, sur nos réactions psychologiques, sur les archétypes, les rêves, les relations (couple), etc.
Cela reste de l’hypnose classique (dans ses scripts, on lit que Gibbons dit aux gens : « Je vais compter jusqu’à 10 ») mais orientée « dans le cosmos ».

Gibbons explique lui-même sur son site « faire cela juste parce que les gens aiment ça »… Cela répond à une demande. A son époque, c’était le « new-age ». Il n’a donc pas de vision particulière de la Vie, ni même spécialement de connaissances en psychothérapie.

D’ailleurs, Gibbons semble pressentir qu’il pourrait faire mieux, car il évoque parfois des phénomènes de physique quantique, mais sans vraiment en donner une application concrète, ni même les comprendre tout à fait, d’ailleurs… On est loin des explications détaillées et référencées de l’Hypnose Humaniste.

Enfin, l’Hyperempiria n’offre pas non plus de techniques spécialisées comme il en existe en Hypnose Humaniste : le Cercle de Conception, la Poussée aux épaules, la Thérapie Symbolique Simple ou Avancée, le Soi Idéal (travail sur la Matrice, l’information, etc.), la Reconnexion, le travail en Transgénérationnel, les soins et harmonisation du Féminin/masculin, le travail sur les archétypes, les rêves, la thérapie de couple, etc.

L’Hyperempiria est juste une manière d’accompagner en hypnose. Gibbons propose seulement un système en acronyme (« B.E.S.T. M.E. »), avec un principe par lettre, pour réaliser des séances d’hypnose tant soit peu structurées.

L’auteur explique bien sur son site (en anglais, les nuances sont plus claires) : « hyperempiria is a focused trance modality similiar in many respects to traditional hypnosis with hyperacuity or heightened sensory exprience » (la faute est de lui !)
En français : hyperempiria est une transe par focalisation, similaire sur bien des aspects à l’hypnose traditionnelle, avec l’hyperacuité ou une augmentation de l’expérience sensorielle ».

Voilà. Donc, il n’y a pas de parallèle possible avec l’Hypnose Humaniste. Dans notre pratique, on ne voyage pas « dans le cosmos » (dans le sens dissocié d’oublier son corps « ailleurs »), l’accompagnement adapté à chacun peut rester très concret et terre-à-terre, selon la personnalité de chacun, tout comme les soucis travaillés.
Enfin, l’Hyperempiria n’est pas une approche complète ni aussi riche et développée que l’Hypnose Humaniste.

En conclusion, depuis les années 1970, il existe beaucoup de pratiques « spirituelles » comme « Hyperempiria »… Les différences relevées dans cet article s’appliquent donc également à ces autres approches orientées « new-age » ou soi-disant en « expansion de conscience ». Elles peuvent plaire à un certain public, mais il ne s’agit la plupart du temps pas de pratiques de psychothérapie et elles n’ont rien à voir avec l’Hypnose Humaniste.

Un article d’Olivier Lockert (2012)